Qu’est-ce que la communication ?

Techniquement, c’est l’art de transmettre un message d’un interlocuteur à un autre, bien évidemment dans le but précis que ce message soit entendu, compris, assimilé voire partagé.

Il faut donc un émetteur et un récepteur et, bien sûr, un message à transmettre.  Une opération qui semble, somme toute, assez simple mais qui se  révèle souvent hasardeuse. Que seraient les comédies sans cette pâture abondante que sont les malentendus, les situations inextricables et ces conséquences délicieusement embarrassantes qui naissent d’une communication déficiente ?

Pourquoi donc est-ce parfois si difficile de communiquer, à une époque où nous disposons pourtant de tant de moyens de communication et une fenêtre si largement ouverte sur le monde ?

La réponse est simple et limpide : parce qu’entre deux interlocuteurs, il existe un langage. Le langage est multiple, varié, complexe. Nous nous exprimons  par les mots, les  paroles et les gestes, qui sont  interprétés et parfois déformés par les prismes de l’attitude, du  contexte social, l’intonation, le vécu et même le vocabulaire employé. Malgré les progrès de la technologie, grâce auxquels la communication est devenue si accessible, les règles sociétales compliquent le processus, nous demandant, en permanence, de nous adapter.

Revenons en arrière, à l’âge où l’humanité pointait son nez et où le langage s’apparentait, du moins le supposons-nous, à des cris ou des onomatopées. Même si les prénoms n’existaient pas encore, imaginons un charmant australopithèque que nous appellerons Simplus pour les besoins de l’histoire. Comment disait-il, à sa charmante compagne Complexus, au visage souvent renfrogné (une beauté selon les critères esthétiques de l’époque), qu’il voulait la cuisse de mammouth plutôt que le filet (c’était une époque où les recommandations en matière de santé ne venaient pas gâcher votre appétit et où le choix du chef en restauration rapide n’avait pas encore sa place) ?

Comment lui expliquait-il qu’il allait faire un tour et ne serait pas de retour avant deux mois ? Comment dire à sa douce et échevelée moitié de ne pas l’attendre pour les 60 prochains dîners? Dessiner sur les murs de la grotte, comme on aimante un mot sur le frigidaire, pour aviser sa dulcinée, aurait demandé bien des efforts et, comme leur vie était sensiblement plus courte que la nôtre, on peut imaginer que, lassé de l’incompréhension que suscitaient ses borborygmes, il a fini par inventer l’ébauche d’un langage. Certes, un langage presque onomatopéique qui devait s’apparenter au  » Moi Simplus, toi Complexus », amplement copié par des producteurs hollywoodiens, quelques siècles plus tard.

Le langage évolua dans tous les coins du monde, s’inspirant des bruits de la nature, de l’environnement animal et de ces sons tripaux qui allaient devenir, sans qu’on s’en doute, la source d’inspiration de certains courants musicaux ultérieurs. Toutefois,  du langage oral à l’écrit, il faudra attendre la seconde moitié du quatrième millénaire pour voir les premières écritures apparaître en Mésopotamie. Et oui…une sacrée tranche de vie!

Il est donc facile de déduire que le langage a quelque chose d’inné et de primitif et  que, seule la civilisation, a contribué à le ciseler, à l’enrichir et à en faire la puissante arme qu’il est aujourd’hui.

Oui, une arme. Une arme de séduction. Une arme pour convaincre. Une arme pour s’exprimer. Simplus est devenu Brutus puis Titus, Amadéus ou bien Marius. Il a gouverné des empires, écrit des symphonies et appris à jouer avec les mots et les concepts de plus en plus inventifs et précis. Et son langage a suivi. Chaque fois qu’il a eu besoin d’un mot pour nuancer sa pensée, il l’a inventé.

Il a pris la parole pour enflammer les foules lors de révolutions, il a usé de mots pour écrire les droits et puis les lois, pour réciter des vers ou éveiller les émotions.

Le langage est un atavisme que nous portons en nous et qui évolue, s’adapte et évolue. Il est à la fois un héritage et un talent. Nous savons toujours grommeler, nous savons chanter et nous savons parler, déclamer et briller.

Pour pouvoir prendre sa place dans un monde de plus en plus peuplé et se faire entendre au milieu de multitudes d’autres individus souvent pressés, leur plaire, les faire sourire ou comprendre, argumenter et les influencer, le secret est l’adaptation à qui ils sont.  C’est la règle numéro un. Grogner à l’oreille de Simplus, chanter à celles d’Amadeus ou susurrer à celle de Marius. Là est  le talent.

Quand on rajoute, à cet art de toucher notre interlocuteur, d’arrêter son envol vers un ailleurs et de retenir son attention, le choix de mots justes, le bon dosage de l’expression, nous atteignons le nirvana, la communication dans ce qu’elle peut avoir de plus grandiose.

Nous ne savons pas tous nous servir des mêmes outils, qu’ils soient manuels , intellectuels ou technologiques. C’est là que l’échange intervient. Nous interchangeons nos savoirs et nos talents et contribuons à faire de ce monde un monde coloré de ses différences, où nous utilisons toutes nos intelligences, rationnelle, technique, émotionnelle  pour faire tomber nos barrières mentales, pour s’ouvrir et évoluer

Voilà la raison pour laquelle …nous communiquons ! Le « Moi échange bouchée de viande prémâchée contre nuit sauvage », inclus dans le cri et le regard noir de notre ancêtre a évolué mais le principe reste le même !

Ce n’est pas anodin, si l’échelle de l’intelligence que nous avons établie, notamment pour la classe animale dont nous faisons partie, est basée sur le langage et la communication !

La communication est  le pilier du monde et que ce soit à New-York ou au fin fond d’une île inexplorée, à Clochemerle ou à Manille, elle reste le fondement de l’humanité, du succès et, oui, osons le dire, du bonheur partagé.